
NIHIL
Nous n’écrivons pas. Nous tentons d’écrire, parce que nous tentons d’écrire la nuit de l’homme. Un jour, l’homme a écrit. Il est entré dans un magasin. Il était écrit sur son fusil le mot nègre. L’homme a écrit au-devant de l’écriture elle-même. L’homme a écrit la mort de dix hommes qui n’étaient pas des hommes aux yeux de l’écrit de l’homme. Ils étaient la négation de l’homme, parce que le mot a précédé le sens, parce que le signe a été plus vaste que sa signification. Comment peut-on écrire après l’écriture du mot nègre ? Comment trouver une langue qui n’est pas la langue du fusil ? Il n’existe aucune réponse à cette question. Toute langue sera toujours la langue du fusil, et toute grammaire sera toujours la grammaire qui permettra le mot nègre. La langue de la critique des armes ne pourra jamais rien contre la langue d’une arme chargée. Le signe a désigné l’extinction de […]